The Lazy Swordmaster

<Précédent< ¦Page-titre¦ >Suivant>


Chapitre 42 – Drogue (Partie 3)


Traduction : Magycio

Édition : Zerkre


 

« Riley. Eh ho, Riley… Le match va commencer. Et si tu te réveillais ? »

On était au palais de Solia, là où le tournoi d’escrime prenait place.

Riley dormait, la paume de sa main lui servant d’oreiller et les vociférations de la foule comme berceuse, mais Iris lui secouant l’épaule, il grogna et ouvrit les yeux.

« Uuuu… »

« Tu ne verras pas quelque chose comme ça très souvent. Regarde. »

« … D’accord. »

Comme s’il n’avait pas eu son content de sommeil, son fils se plaignit et grommela, mais elle le prit dans ses bras et lui montre l’arène du doigt.

Néanmoins, elle se montrait très bienveillante envers le manque de sommeil de son fils. Le tournoi avait bien progressé, et la finale était maintenant sur le point de commencer.

« C’est l’Erenjium ? »

« Oui, la Maison Erenjium est finaliste. »

En entendant le nom d’Erenjium, Ian, qui regardait le match avec tout le monde, regarda discrètement Riley.

Le souvenir de ce qui s’était passé dans le couloir devant les toilettes était encore vif dans sa mémoire.

”Le jeune maître était incroyable… mais maintenant que j’y pense, le jeune maître Erenjium était aussi très doué.“

Celui qui était très doué…

Ian pensait à l’aîné des Erengium, celui qui avait échappé à sa prise et avait couru vers Riley.

Cela avait été un mouvement digne de louange.

Cependant, en y regardant maintenant avec du recul, il y avait quelque chose d’étrange à propos de cela.

”Ce mouvement était en quelque sorte… inadéquate à sa morphologie.“

Pour un épéiste, il y avait des mouvements et des techniques d’utilisation de mana qui était le plus adapté à son type de morphologie.

Les mouvements qu’avait fais l’aîné des Erenjium étaient certes effrayants, mais on ne pouvait ignorer le fait qu’ils étaient un peu gauche.

Ian pensa que, s’il avait été à la place de l’Erenjium, il aurait fait les choses un peu différemment en ce qui concernait son équilibre ou le positionnement de ses pieds.

« J’ai entendu dire qu’il y avait eu un match du cadet des Erenjium hier », murmura Ian.

« Ah, c’est vrai que tu n’étais pas là hier, Ian… »

Et Sera enchaina vite après la réponse d’Iris.

« Oui, c’est ça. Le participant avec les épées jumelles que je soutenais a perdu contre lui. Ça m’a vraiment déçu. Je n’aurai jamais penser que le match s’achèverait si vite. »

« Epées jumelles ? Tu veux parler de Jenier ? »

« Oui. »

« Hm… »

Tous les participants du tournoi avaient moins de 20 ans.

Ian caressa sa barbe un moment, puis regarda vers l‘arène où le match allait commencer.

« Sera. »

« Oui ? »

« Est-ce que par hasard, lors du match d’hier, y a-t-il eu quelque chose d’étrange à propos du cadet Erenjium ? »

« Quelque chose… d’étrange ? Je ne suis pas sûr ? »

Sera pencha la tête de côté, l’index sur le menton.

« Hormis qu’il a envoyé voler les deux épées du jeune maître Jenier d’un coup, ce qui m’a paru incroyable, à part ça… je ne sais pas trop. »

Bien que le participant qu’elle soutenait avait perdu, Sera ne soupçonnait pas le moins du monde l’Erenjium d’avoir triché.

Car cela pouvait tout simplement être une différence de force physique.

Et c’était aussi un scénario très commun que l’épéiste se battant avec deux épées perde.

« Et pour l’odeur ? » demanda Riley en se frottant les yeux, s’incrustant nonchalamment dans la conversation de Sera et Ian.

« Oui ? »

« Son odeur. Le gars juste là. »

Riley désigna d’un mouvement de menton le cadet Erenjium.

Ce cadet, Aplion, tirait son épée hors du fourreau conformément aux instructions que donnait l’arbitre qui se tenait au milieu de l’arène.

Il n’arrivait pas à s’arrêter de trembler, contrairement à la veille.

« L’odeur… Il y a quelque chose… »

Sniff sniff

Sera, qui avait un odorat digne du plus fin limier, renifla et pencha la tête.

Comme Riley l’avait dit, Aplion émettait une odeur légèrement différente à celle d’hier.

C’était une différence si infime qu’on ne la remarquerait pas si on n’y prêtait pas attention.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« … »

Ian et Iris regardèrent Sera, se demandant ce qui se passait.

Il n’avait pas un odorat comme le sien.

« C’est vrai, l’odeur est différente. »

« Différente. »

« Il y quelque chose de manquant par rapport à hier… »

Au moment où Sera fronça des sourcils et s’interrogea sur sa trouvaille, le compte à rebours qui annonçait le commencement du match continuait de s’écouler.

« Mère, vous avez bien dit que c’est le dernier match de la journée ? »

« Oui. »

« Dans ce cas, si nous partions ? C’est un peu impoli de dire ça, mais le résultat est déjà décidé. »

Riley s’étira ostensiblement et s’extirpa de son siège.

Dans sa tête, le sujet le plus pressant était le menu du diner.

« Mais, jeune maître, ne devrions-nous pas au moins regarder ce match avant de partir ? »

« Oui. Comme vous l’avez dit, c’est le dernier match pour aujourd’hui. »

« Regardez ses mains. Elles tremblent de manière incontrôlable. Pensez-vous qu’il puisse mener un combat convenable dans cet état ? »

Ian et Sera prirent un air étonné et regardèrent l’arène.

Il ne restait que trois secondes avant le début du match et Aplion, qui se tenait dans l’arène, avait en effet les mains tremblantes. C’était différent de son match d’hier. Durant ce match, bien que nerveux, ses mains ne tremblaient pas.

C’était étrange.

« … Huuuuaaap ! »

Le compte à rebours s’acheva, et le match commença…

Mais, comme Riley l’avait prophétisé, le résultat fut la défaite d’Aplion.

Une défaite humiliante qui n’avait même pas pris trois secondes.

 

♦ ♦ ♦

 

« … Merde ! Pourquoi ?! »

Bam !

L’aîné de la famille Erenjium, Aploc, frappa aussi fort qu’il le put le bureau dans le vestiaire d’attente des participants.

Son poing vira au rouge vif, mais il l’ignora, il avait d’autres problèmes en tête.

« Elle… elle était censé nous être livré hier ! Pourquoi faut-il que cela arrive aujourd’hui ? »

« Jeune maître… s’il vous plait, calmez-vous. »

« Tu penses que tu serais calme à ma place ?! Mon petit frère a perdu ! »

Bam !

Le bureau trembla sur ses pieds une fois de plus.

« Que faisaient-ils hier, bordel ! »

« Ce… c’est… »

Le plan avait été de recevoir le produit par un intermédiaire de la Basse Solia, mais une fois qu’ils y étaient arrivés, personne n’était venu à eux.

C’était la raison de la colère d’Aploc.

« Nous nous sommes rendu à la Basse Solia ce matin », commença le majordome pour tente de le calmer, suant à grosses gouttes. « Mais ils ont dit qu’ils ne pouvaient plus fournir le produit aux Erenjium, donc… »

« Quoi ? »

Aploc avait les yeux hagards, il n’était définitivement pas dans son état normal.

On pouvait même douter de sa santé mentale.

« Ces gueux de la Basse Solia ont osé nous trahir ? »

« C’est… On dirait bien. J’ai tenté de les menacer, mais ils ont dit que c’était du bluff et m’ont regardé comme pour me défier d’agir. »

« Ces sales plébéiens de merde ont osé… osé- ! »

Paf !

Aploc se releva vivement. La chaise sur laquelle il était assis tomba en arrière. Il se gratta furieusement la tête.

Non seulement à cause de l’aura mortelle qu’il avait ressenti du jeune maître de la Maison Iphelleta, mais aussi à cause des symptômes de manque, il tremblait de toutes parts.

Il avait l’impression que des tas d’insectes le dévoraient de l’intérieur.

« Comment osent-ils… Ne réalisent-ils pas qui nous sommes ! »

Sa main labourant son crâne s’arrêta. Ses yeux luisaient maintenant d’une lueur de mauvais augure.

“Même si je n’ai pas pris de drogue, serais-je donc si faible pour ne pouvoir m’occuper seul de quelques sales vagabonds ?“

Cette pensée ayant fait son chemin, il se tourna rapidement et marcha vers la sortie de la pièce.

« J-Jeune maître ! Où allez-vous ? »

Aploc ne daigna pas répondre à son servant. Il prit la route vers la Basse Solia.

Ses yeux n’étaient plus de leur couleur habituelle mais d’un rouge sanguin.

« Vous devez consoler le jeune maître Aplion ! Jeune maître ! Jeune maître ! »

Les événements du tournoi d’escrime étaient arrivés à leurs conclusions pour aujourd’hui.

Avec les applaudissements pour le vainqueur comme fond, Aploc quitta le palais de Solia.

 

♦ ♦ ♦

 

C’était une heure entre chien et loup. Il pouvait être tôt dans la matinée ou tard dans la soirée.

Cinq personnes, dont l’horrible puanteur faisait reculer tous ceux les croisant, même brièvement, avançaient vers le Saint Temple de Solia.

Parmi ces cinq personnes se mêlait Nainiae, qui avait quelques petites choses avec Riley tôt dans la matinée aujourd’hui.

Comme elle était pieds nus, Nainiae laissait des empreintes noires sur le sol de marbre blanc du Saint Temple. Elle repensait à ce que Riley lui avait dit ce matin.

 

“Quand le tournoi d’escrime finira, attends à peu près 10… non, 20 minutes ? Puis va au Saint Temple.“

“Mais… ils ne nous recevront pas.“

“Non. Ils vous recevront tous.“

“Comment ? Je suis… Bien que j’y vive seulement depuis peu, je suis de la Basse Solia. Et j’en ai aussi l’air…“

“Tu vas devoir leur lancer un appât.“

“Un appât ?“

“C’est ça. Un appât si appétissant qu’ils ne pourront pas s’empêcher d’y mordre à pleine dent.“

 

Nainiae glissa sa main dans poche.

Ses doigts se refermèrent sur la petite quantité d’herbe qui y était, la même qui avait été prise dans le sous-sol de la Tour Magique.

« Vous, arrêtez-vous ! Où allez-vous tous ? »

Avant qu’ils puissent entrer, ils furent arrêtés par un prêtre qui passait par là.

Peut-être était-ce due à la forte odeur qu’ils exsudaient, mais peu de temps après, même les paladins qui gardaient le temple s’approchèrent d’eux, et les regardaient d’un regard où l’écœurement se disputait avec la suspicion.

 

“Aller au palais de Solia règlerait les choses de manière plus direct, mais il y a de bonnes chances que les gardes vous abattent à vue là-bas, donc aller au Saint Temple est la meilleure option. Ils écouteront au moins ce que tu as à dire avant de faire quoi que ce soit.“

 

Nainiae avait suivi le conseil de Riley, et elle regarda les personnes derrière elle qui tremblaient de peur.

Les symptômes de manque des drogues qu’on leur administrait à la Tour Magique se faisaient sentir, un des rescapés avait de l’écume sortant de sa bouche et coulant sur son menton.

« … »

Ils avaient tous souffert des mains d’Astroa dans le laboratoire de la Tour Magique. En suivant les conseils de Riley, selon ce qu’elle dirait, le sort de ces personnes se joueraient ici.

« Hum… selon votre apparence, vous semblez venir de la Basse Solia, n’est-ce pas ? Les résidents de la Basse Solia ne peuvent pas entrer dans le Saint Temple sans permission. Veuillez partir. »

Malgré tout, Nainiae fit un pas vers le prêtre qui leur faisait signe de déguerpir. Les paladins tirèrent leur épée du fourreau en réponse.

« Attendez… »

Nainiae se ratatina sur elle-même à la vue des lames dorées des paladins, mais elle se redressa, sachant qu’elle allait mourir bientôt de toute manière. Ces personnes derrière elle, bien que sortant d’un quotidien de cobaye, avaient encore un espoir de survie contrairement à elle. Pour sauver ceux qu’elle pouvait… Nainiae avait décidé d’être courageuse encore une fois.

« Pitié, attendez un instant… »

Cela lui sembla bizarre de parler ainsi, si poliment, tellement elle était habituée au langage rugueux de ceux de la Basse Solia. Toutefois, ce n’était pas le lieu ni le moment pour un tel maniérisme.

« De nous tous, je suis la seule à venir de la Basse Solia. Ces gens… ces gens ne sont pas comme moi. Ils vivaient tous soit dans la Solia de Gauche, soit dans celle de Droite. »

« … »

Néanmoins, cette histoire n’ôta en rien la réserve du prêtre, et il grimaça.

Bien que le ton de sa voix était désespérée et semblait sincère, les paladins les entourant ne rengainèrent pas leurs épées.

Tout simplement car tout dans leur apparence les rendait suspect.

« J’ai quelque chose à dire… Je veux dire, il a quelque chose que j’aimerai dire au Saint Temple de Solia. C’est très important. »

Nainiae sortit lentement les végétaux qu’elle avait en poche.

Comme la propreté de ladite poche était, au mieux, douteuse, il y avait des traces noirâtres sur les feuilles, mais leur forme restait clairement identifiable.

Tout comme l’était leur odeur addictive, malgré la puanteur de Nainiae.

« … C’est ? »

Le prêtre fronça les sourcils.

« Sur cette plante illégale, sur les caves de la Tour Magique… J’ai des choses à vous dire. »

« Que… »

Le prêtre chercha du secours en regardant autour de lui. Profitant de la panique du prêtre qui se demandait quoi faire, Nainiae, la drogue toujours à la main, continua.

« Je sais que les prêtres du Saint Temple tiennent en peu d’estime les habitants de la Basse Solia. Cependant, ces gens derrière moi n’en font pas partie. Au lieu d’y penser comme mon histoire, pensez-y comme la leur. »

« Ablblblbl… »

Sans doute à cause des expériences dont ils avaient été les sujets, les personnes dernière Nainiae n’étaient même pas capable de s’exprimer correctement.

Ils se griffaient les bras, laissant des sillons rouges sur leur peau blafarde, leur visage hagard laissant parfois transparaitre leur douleur.

Nainiae savait très bien ce qu’ils enduraient, et c’était pourquoi elle voulait les aider.

« Ils sont malades à cause des expériences qu’ils ont subi. C’est pourquoi ils n’arrivent pas à parler maintenant. D… Donc, je parlerai en leur… »

Nainiae n’acheva pas sa phrase. De l’autre côté de là où elle se tenait, quelqu’un qui portait une robe considérablement plus blanche que les autres prêtres s’approchait. Elle marchait vers le centre du temple, mais elle s’était arrêtée, regardant dans le direction de cette agitation.

« … »

Contrairement à Nainiae qui cachait des ses cheveux la moitié de son visage à cause des stigmates, l’autre avait son visage couvert d’un voile d’un blanc immaculé. Nainiae présuma qu’elle était quelqu’un d’importante dans ce temple.

« … Pitié !! » cria Nainiae. « Faites en sorte qu’il n’y ait plus jamais des gens comme eux ou moi ! »

« … »

Cette figure voilée, gardant le silence, qui marcha vers Nainiae était…

« P-Prêtresse… »

Les prêtres autour d’elle tentèrent de l’arrêter, lui disant que c’était dangereux mais elle les chassa d’un geste.

Malgré l’horrible odeur, elle s’approcha de Nainiae comme si cela ne la gênait nullement.

« … Auriez-vous l’amabilité de me dire votre nom ? »

« C’est… N-Nainiae. »

La jeune voilée leva la main, dévoilant lentement son visage. Elle regardait Nainiae comme pour la transpercer du regard.

Nainiae trembla devant ce magnifique visage, si contraire au sien. Elle n’osait même pas regarder la prêtresse en face.

« Hum… »

« …? »

La prêtresse fixa avec insistance l’unique œil visible de Nainiae puis, finalement, un doux sourire s’épanouit sur ses lèvres.

« … Asteel. »

« Oui. »

Ce devait être le prêtre à côté d’elle. La réponse fut immédiate.

« Combien de personnes peut-on mobiliser sur le champ ? »

 


<Précédent< ¦Page-titre¦ >Suivant>

2 réflexions sur “The Lazy Swordmaster

Laisser un commentaire